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1864 – DELAUGèRE et CLAYETTE – 1925

Une marque méconnue dans le milieu de l’automobile mais un des rares carrossiers hippomobiles à s’être lancé dans l’aventure automobile avec quelques succès en dépassant le stade de la carrosserie avec ses propres moteurs dont des “sans-soupapes” sous licence Mustad-Fisher!

350 ouvriers en 1912 dans une usine de 10 000 m2 sur une emprise de 25 000 m2.

Un constructeur régional…ayant eu une certaine envergure:
– équipement de la ville de Toulouse en camions de type LO2;
– au service des procédés Thomson de Houston à Sainte Affrique dans l’Aveyron;
– obtention d’une médaille d’or à l’exposition franco-britannique à Londres en 1908;
– obtention d’une prime du Minisitère de la Guerre pour un de ses camions:
-exportation, notamment en Espagne, au profit d’hôtels et de l’industrie minière;
-des agents à Sidney et à Buenos-Aires
– établissement de correspondances avec l’indochine, l’Amérqiue du Sud, l’Amérique du Nord et l’Afrique du nord.

 

Delaugère et Clayette

Une fabrique orléanaise de voitures et d’automobiles s’étant illustrée de 1864 à 1925 et dont Orléans n’a pas perdu le souvenir grâce notamment à un véhicule de la marque acquis par le Conseil général du Loiret en 1991 sous l’impulsion de son président Kléber MALECOT (voir page “Photos).
L’histoire de la société commence en 1864 lorsque Jean-Pierre Delaugère (1810-1868), issu d’une famille originaire de la Bourgogne, s’associe à son fils Henri (1839-1908) pour développer, au sein d’une entreprise dénommée “Delaugère, Père et Fils”, une activité de carrosserie ayant débuté dans les années 1840.
Installée tout d’abord rue d’Illiers au centre d’Orléans, la société a pour objet la fabrication, l’achat et la vente de voitures et généralement tout ce qui se rattache à la carrosserie..
En 1872, quatre ans après le décès de Jean-Pierre, Henri s’associe à son jeune frère Emile (1849-1917).
Puis la société “Delaugère frères”, ainsi constituée, se transforme en 1890 en société en nom collectif “Delaugère et Cie” à l’arrivée de Félix (1864-1934), l’aîne des quatres enfants d’henri.
A cette époque, la maison Delaugère a acquis une solide réputation dans la région orléanaise pour son sérieux et la qualité de ses réalisations.
Ces dernières, très diverses, allaient des petites voitures à bras au fiacre en passant par les breaks, dos à dos, wagonnettes, etc…
A la fin des années 1890, les progrès réalisés en matière de motorisation amènent les Delaugère à s’y intéresser de très près.
C’est ainsi que sont construits les premiers moteurs de la maison dans un atelier rue des Bons Etats à l’angle de la rue d’Illiers.
Et lors de la première exposition automobile à Paris en 1898, comme bon nombre d’autres pionniers de l’industrie automobile, le constructeur orléanais présente un tricycle avec un moteur maison.
Après différemment tâtonnements, le véhicule présenté au salon international de 1900 permet à la société Delaugère de remporter une médaille d’argent.
Face à l’absence de perspectives d’avenir avec les tricycles et quadricycles, la société Delaugère, sur les conseils du docteur Léon Petit, un ami de la famille, s’oriente vers la production de véhicules plus imposants.
Dans ce cadre, la famille Delaugère s’allie en 1903 à Maurice Clayette, ingénieur des Arts et Métiers et dans la foulée les ateliers s’installent dans une usine moderne d’une superficie de 22 000 m2 dont 10 000 en bâtiments au n° 16 du faubourg Madeleine à Orléans.
Après 1903, l’année 1906 constitue un deuxième tourant d’importance dans l’évolution de la société. En effet:
– la société “E et F Delaugère et M Clayette” se transforme en société en commandite par actions “Delaugère, Clayette, Frères et Cie” à l’arrivée du frère de Maurice Clayette, Henry ingénieur des Arts et Manufacture (suite page suivante)

(suite page précédente)
– le capital de la société est porté de 450 000 francs à la somme considérable pour l’époque de 1 500 000 francs.
Les investissements se concrétisent notamment par la participation de la société aux salons internationaux de Madrid en 1907 et de Londres en 1908 avec obtention d’une médaille d’or.
Dans les années qui suivent, Delaugère et Clayette se distingue par:
– ses recherches dans la réalisation d’un camion correspondant aux besoins des armées;
– la concrétisation en 1913 de ses recherches lors des épreuves militaires d’endurance, son camion type LO2 ayant été primé par le Ministère de la guerre;
– l’adoptions en 1913 du moteur “Sans soupapes” sous licence Mustad-Fisher.
Imposée par la vive concurrence découlant de la taylorisation, la reprise des activités après la Grande guerre se caractérise par une rationalisation de sa production, au détriment de la variété des carrosseries dont la société avait jusqu’alors tiré principalement son prestige, et par l’arrêt de la production de moteurs en 1922 après la création en 1921 d’un moteur 6 cylindres de 21 HP.
Ainsi, plus de 300 exemplaires du châssis type V ont été produits entre 1923 et 1925 avec 3 types de carrosseries (berline, torpédo et boulangère) ne laissant que très peu de place aux variantes à côté de divers types de véhicules fabriqués en moindre grand nombre dont des camions et fourgons.
Dans ce contexte, les frères Clayette quittent l’entreprise et Félix Delaugère se trouve contraint dès 1925 de remettre la destinée de son entreprise entre les mains de Panhard et Levassor. La production des Delaugère et Clayette s’arrête en 1926 et les références aux Etablissements Delaugère et Clayette s’effacent progressivement pour disparaître des correspondances à la fin des années trente.
Les ouvriers, après avoir pu s’enorgueillir de participer à la fabrication de belles Delaugère et Clayette ayant fait la fierté des Orléanasi puis de voitures originales, telles la “Panoramique”, la “Dynamic” et même la “Dynavia” une étonnante voiture dessinées par Louis Bionnier, sont amenés quelques années plus tard à travailler jusqu’en 1973 au profit d’un troisième constructeur, Citroën, ce dernier ayant entre-temps à son tour pris le contrôle de Panhard et Levassor.
L’usine est alors démantelée pour laisser la place à un groupe d’immeubles dénommé “Résidence Beaumont”, la société Delaugère et Clayette ayant alors été prorogée jusqu’au 30 septembre de l’an..2000 ! En 1978, au travers de la réorganisation des unités de transport de PSA, Delaugère et Clayette sera dissoute par absorption par GEFCO.
Au bilan, Delaugère et Clayette dont la carrosserie constituait le métier de base aura produit 20 types de moteurs de 2 à 80 HP dont un sans soupapes, ce en près de 30 ans.
Assurément Delaugère est un des rares carrossiers hippomobiles à s’être rapidement adapté à l’évolution des techniques, avec le renfort de Romain et des Clayette, et à s’être durablement distingué par la qualité de sa production jusqu’à ce que la taylorisation mise en oeuvre chez ses principaux concurrents lui soit fatale.